5 novembre 2017 – Shanghai
C’est dans l’éloignement que l’être se rencontre. Tout d’un coup plongé dans un monde inconnu, les quoi, pourquoi et comment n’ont plus de sens.
L’on vit cette différence avec notre environnement, et l’on se définit par opposition. Aux positions des autres, on intègre les nôtres comme éléments même de notre identité. Pourtant quand tout change, d’un bout à l’autre du paysage, quand les réflexions ne sont plus les mêmes, quand la pensée est différente, quand les habitudes nous sont inconnues : c’est là que nous devons tout remettre en question.
Qui suis-je, qu’ai-je connu, sur quels principes se basent mes fondements – sur quels fondements se basent mes principes. D’où je viens? D’où venez-vous ? D’où venons-nous ?
Il n’est pas de meilleure perspective de l’être et de l’humanité qu’ainsi plongé dans des courants contraires. Lorsque nous descendons notre fleuve il suffit de savoir flotter. Ailleurs, nous apprenons à nager.
L’esprit se muscle du savoir de l’autre et l’être se transforme dans une pluralité nouvelle. Je suis moi mais je suis l’autre. Je suis les uns comme les autres. J’ai appris leurs coutumes, je connais leurs vies.
J’ai intégré leur cosmos, qu’osmose est le maître mot quand le « je » se découvre au monde. Identique et universel, je ne suis pas un pays, une race ou une classe – ces choses là ne sont que les identités que l’on m’assigne. Nous ne sommes rien de tout cela, nous sommes les maillons vivants d’une même espèce.
C’est dans l’éloignement que l’être se retrouve. Avec lui ceux qui lui sont chers et ce qui lui est cher.
C’est dans l’éloignement que l’on s’approche de soi. Pour y comprendre alors que nous ne serons plus « loin » nulle part. Nous sommes partout chez nous – ou plutôt nous devrions être… Mais la route est encore longue.
Tout le monde devrait pouvoir partir à la découverte de notre monde.
__________________________________
Retour aux Poèmes