Suite de fuite

20 septembre 2016 – Paris

Il y a quelques temps, il a revu cette image qui l’avait absorbé. Il est passé près d’elle mais sans la regarder. Il a détourné les yeux ; elle l’a suivi alors. Il a pensé ces courbes d’or mille fois dans son crâne, avait perdu les synapses dont la raison émane. Mais il s’est retrouvé : il croit même l’avoir dépassée. Il ne sera plus englouti même s’il la désire encore, il peut tout reconstruire fort du terrible effort.

Il a chéri la solitude, l’a attendue avec impatience et en a profité autant qu’il le fallait. Pourtant, dans la solitude obligée, il a laissé certains traits de sa personnalité. Recroquevillé, il s’ouvrira bientôt au monde. Et il attend d’autres images qui l’emporteront encore car c’est ainsi qu’il veut outrepasser la mort. Il est triste et heureux, et si une partie de son âme est toujours enchaînée, son poids a disparu ; il se sent léger.

Voilà comment le temps passe. Voilà comment les fleurs fanent et les parfums s’évaporent. Bien sûr, dans sa fuite il a laissé bien des souvenirs de côté, mais ces souvenirs-là sont gravés ailleurs. Voyez-vous, un jour ils resurgiront avec une drôle de senteur. Et couleront les larmes, d’un passé trop lointain pour être encore atteint par ses jambes déjà frêles. Alors, lorsque la nuit viendra, son rêve l’emportera devant le grand bâtiment, le sol pavé, quelques arbres, quelques personnes regroupées, et puis deux yeux qu’il ne voulait plus quitter.

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