Éloge de la fuite

Un moment de 2015 – Paris

Il y avait cette image, immobile presque intemporelle.
Cette image qui m’entraîne, me possède.
J’ai voulu dessiner par-dessus. La redéfinir, l’altérer, l’effacer, l’éviter. J’ai échoué. Lamentablement, tant de jours durant. Mais j’ai fini par comprendre.
L’absence est nécessaire. Il faut partir loin de tout, vider son sac et son esprit.
Être épris d’un autre monde, d’un autre lieu, d’un autre temps.
L’image se courbe mais me poursuit. Alors je fuis. Toujours plus loin dans un monde sans paroles.
Je fuis jusqu’à ce qu’ils ne me reconnaissent plus. Je fuis jusqu’à ne plus me reconnaître.
Je fuis jusqu’à en perdre la raison. Car poursuivre une image me ressemble trop.
Car poursuivre une image vous détruit. Car l’image est immobile, intemporelle quand le monde est changeant. Car l’image appartient au passé quand on fuit au futur.
Alors laissez-moi tomber, écorcher mes genoux. Tomber encore et de tout cœur.
Tomber jusqu’à briser chaque trait. Briser chaque lien.
Alors, si je fuis suffisamment loin, peut-être, peut-être que je me relèverai.
Sans elle.

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